Sommes-nous dans une bulle d’IA ?
Keytrade Bank
keytradebank.be
17 novembre 2025
3 minutes à lire
En octobre, Nvidia a été la première entreprise à franchir la barre magique des 5 000 milliards de dollars de valeur de marché. Combien de temps durera encore l’engouement pour l’IA en bourse ?
Lorsqu’une bulle éclate, il y a toujours des anecdotes qui illustrent à quel point les investisseurs avaient perdu la tête. Par exemple, l’entrée en bourse de Pets.com en février 2000 est devenue le symbole de la déraison en amont de la bulle technologique. Dans l’année, l’entreprise a fait faillite et les investisseurs en ont été pour leurs frais. Le fait que Pets.com ait pu séduire alors que chaque vente était à perte reste une allégorie de l’humeur boursière de l’époque (source).
Le poulet frit, symbole d’une nouvelle bulle ?
Les bulles sont un phénomène séculaire. En 1635, les gens payaient jusqu’à 100 000 florins pour 40 bulbes de tulipes (source). En 1821, un aventurier écossais avait inventé un « nouveau pays » pour émettre des obligations d’État (source), jusqu’à ce que cette bulle n’éclate en 1837. Et en 1989, la folie immobilière au Japon a atteint un tel degré que le palais impérial de Tokyo valait théoriquement plus que tout l’état de Californie (source).
En 2025, pour certains, l’histoire se répète. En octobre, une photo de Jensen Huang (Nvidia), Jay Y. Lee (Samsung Electronics) et Chung Euisun (Hyundai Motor) en train de manger dans un restaurant de poulet à Séoul est devenue virale. Si l’essor immédiat des actions coréennes liées à l’IA n’a sans doute rien de surprenant, ce qui s’est passé à la marge mérite que l’on s’y attarde…
Bien que le restaurant de poulet ne soit pas coté en bourse, les actions de son concurrent, Kyochon F&B Co, ont brièvement gagné 20 %. Le cours du transformateur de volaille coréen Cherrybro Co a bondi de 30 %. Enfin, Neuromeka Co, une entreprise cotée en bourse spécialisée dans la fabrication de robots pour la friture de poulet, a enregistré un volume de transactions 200 fois supérieur à la moyenne (source). Si une bulle d’IA éclate bientôt, le poulet frit en sera-t-il le symbole ?
Un seul secteur porte toute la bourse
Les chiffres expliquent pourquoi un nombre croissant d’investisseurs deviennent nerveux et pourquoi le terme « bulle » revient de plus en plus. Selon les données de J.P. Morgan, depuis le lancement de ChatGPT en novembre 2022, les actions liées à l’IA sont à l’origine de pas moins de 75 % des rendements du S&P 500, 80 % de la croissance des bénéfices des entreprises et 90 % de l’augmentation des investissements en capital (source). Il ne s’agit donc pas d’un rallye généralisé, mais bien d’un tsunami technologique. En parallèle, les valorisations de certaines entreprises d’IA privées comme OpenAI atteignent des niveaux absurdes (source).
En outre, à ce jour, sept entreprises technologiques – Apple, Microsoft, Alphabet, Amazon, Meta, Nvidia et Tesla – dominent 37 % de l’indice S&P 500. Le marché d’actions américain aura rarement été aussi concentré (source). De même, les dix plus grandes entreprises américaines représentent près d’un quart du marché d’actions mondial. Et ensemble, elles valent dix fois plus que le PIB combiné de la Chine, de l’Allemagne et du Japon (source).
Une course aux dépenses sans finish ?
Ce ne sont pas seulement les valorisations élevées de nombreux acteurs de l’IA et la concentration du marché qui alimentent les inquiétudes, mais aussi les investissements astronomiques qui ont été réalisés. En 2025, Meta, Alphabet, Microsoft, Amazon et Oracle auront investi quelque 400 milliards de dollars dans l’IA. C’est trois fois plus qu’en 2021, l’année qui a précédé le déclenchement de la frénésie par ChatGPT. Et pour 2026, Meta, Amazon, Alphabet et Microsoft promettent encore plus d’investissements (source).
À vrai dire, pour ces acteurs, ces investissements ne sont pas seulement nécessaires pour augmenter encore la puissance de calcul des services actuels. Les entreprises technologiques ont surtout besoin de puissance de calcul pour entraîner de nouveaux modèles et atteindre l’IAG (intelligence artificielle générale), une IA plus intelligente que l’humain. En effet, le premier acteur du marché à développer l’IAG peut s’attendre à un avantage concurrentiel considérable.
Mark Zuckerberg, le CEO de Meta, a exprimé cette mentalité FOMO sans détours lors d’une conférence sur les résultats : « Je pense qu’avancer de manière agressive dans le développement des capacités est la bonne stratégie. Ainsi, nous serons prêts pour le scénario le plus optimiste. Dans le pire des cas, nous ralentirons simplement la construction de nouvelles infrastructures pour un moment. » (source)
Mais tous les investisseurs ne sont pas aussi enthousiastes. En octobre 2025, quand Meta a annoncé ses projets d’investir davantage dans l’IA sans pour autant donner de détails sur des lancements de produits ou le rendement à prévoir, l’action a perdu 11 % (source). Le message devient clair : de plus en plus d’investisseurs veulent des preuves comme quoi ces dépenses colossales finiront effectivement par rapporter.
De l’argent qui tourne en rond
Autre signal d’alerte : la structure des flux financiers. En octobre 2025, Morgan Stanley a épinglé une hausse de la « circularité » au sein de l’industrie de l’IA (source).
Les fournisseurs financent les clients ; les clients investissent à leur tour dans les fournisseurs ; et ainsi, via toutes sortes de transactions, l’argent circule comme dans un circuit fermé. De ce fait, il devient de plus en plus difficile de déterminer quelle part de la croissance de l’IA provient de la demande économique réelle.
OpenAI est un bon exemple de ce phénomène. L’entreprise a déjà conclu des accords avec Microsoft, Alphabet, Nvidia, CoreWeave, Amazon, AMD, Oracle et d’autres géants, qui lui fournissent non seulement des infrastructures et des services, mais investissent aussi dans OpenAI même ou participent à des projets avec OpenAI. L’action Oracle a même monté en flèche de 25 % en septembre, après l’annonce d’un accord majeur avec OpenAI : il s’agit d’un contrat pour des services qu’Oracle doit encore développer, avec des fonds qu’OpenAI n’a pas encore générés (source).
L’industrie de l’IA s’alimente donc de plus en plus avec des capitaux qui tournent en rond. Tant que les bénéfices continuent à s’accroître, cela semble bénin. Mais si les attentes changeaient, la fragilité de ce système circulaire pourrait être mise à nu.
Dépréciation rapide du matériel
Contrairement aux chemins de fer ou aux câbles en fibre optique, qui durent des décennies, les puces d’IA deviennent très vite obsolètes. La durée de vie économique d’un semi-conducteur Nvidia ou d’un serveur est beaucoup plus courte qu’un kilomètre de voie ferrée. Alors que les grandes entreprises technologiques injectent des milliards dans les centres de données, l’horloge de la dépréciation tourne plus vite que jamais.
C’est ainsi que les hyperscalers – les géants qui détiennent l’infrastructure cloud mondiale – commencent à perdre leur image « capital-light ». Alors qu’auparavant, il s’agissait principalement de sociétés logicielles avec des marges élevées et des coûts fixes faibles, ces acteurs ressemblent maintenant de plus en plus aux industries à forte intensité de capital.
On nous le répète à l’envi : la hausse actuelle liée à l’IA n’a rien à voir avec les bulles internet ou télécom d’antan. L’argument tient en partie la route, car les hyperscalers sont rentables et peuvent se permettre leur envie impérieuse d’investir, l’argent ne leur manquera pas de sitôt. Mais en réalité, leur expansion dans l’IA les métamorphose lentement, de géants de la tech au pied léger en mastodontes gonflés de capitaux.
Fut un temps où la Big Tech était connue pour son taux d’endettement minime : cette image commence à se ternir. Ainsi, début 2025, Meta a émis 30 milliards de dollars d’obligations à des « fins générales ». Oracle lui a emboîté le pas avec 18 milliards supplémentaires. Cela illustre bien à quel point le secteur est devenu avide de capitaux.
Pourquoi ce n’est pas (encore) une bulle
Pourtant, selon Goldman Sachs, le terme « bulle » n’est pas encore d’actualité. Dans un rapport d’octobre 2025, la banque d’investissement estime que le marché montre certes des signes de surchauffe, mais qu’il est fondamentalement différent de la folie internet de début 2000 (source).
Contrairement à la période dotcom, où des entreprises sans chiffre d’affaires pesaient des centaines de millions, les champions actuels de l’IA sont rentables. Le bénéfice par action du secteur technologique a augmenté de pas moins de 500 % depuis 2009, soit six fois plus vite que le reste du marché. Selon le rapport, les valorisations ont beau être élevées, elles reposent sur une véritable croissance des bénéfices. Il y a aujourd’hui des flux de revenus bien réels, pas simplement des promesses comme à l’époque de la bulle internet.
De plus, selon Goldman Sachs, nous ne sommes pas dans un marché où les nouveaux arrivants se bousculent. Pendant la « Railway mania » des années 1840, des centaines de compagnies ferroviaires ont vu le jour au Royaume-Uni. De même, dans les années 1980, les vendeurs de PC se sont mis à pulluler, tandis que pendant la bulle dotcom, des milliers de start-ups sont entrées en bourse. Aujourd’hui, c’est un autre tableau qui se dessine : la course à l’IA est dominée par une poignée de géants bien établis aux poches profondes.
Qu’est-ce que cela signifie pour les investisseurs ?
1. Diversifiez votre exposition
De nombreux investisseurs sont déjà fortement exposés aux « Magnificent Seven » et aux hyperscalers via de grands fonds indiciels. Si en plus, vous investissez de manière thématique dans des fonds d’IA, vous risquez la surconcentration. Vérifiez donc votre pondération dans le secteur de la tech et de l’IA et envisagez plus de diversification.
2. Utilisez l’IA comme thème, pas comme profession de foi
L’IA n’est pas une catégorie d’actifs en soi, mais une vague technologique qui déferle sur presque tous les secteurs. Ainsi, les véritables gagnants pourront aussi émerger en dehors du secteur technologique pur : dans la santé, la logistique ou l’énergie. En considérant l’IA comme une tendance transversale plutôt qu’une niche, vous renforcerez automatiquement la résilience de votre portefeuille.
3. Répartissez votre portefeuille géographiquement
L’envolée de l’IA est une histoire fortement américaine. Les marchés européens et asiatiques sont à la traîne, mais cela se traduit aussi par des opportunités de valorisations plus attrayantes. Par exemple, les industriels japonais et les fournisseurs européens de semi-conducteurs peuvent tirer parti de la vague mondiale d’investissements, sans pour autant que leurs cours soient gonflés à bloc.
4. Réfléchissez au-delà de la hype
Toutes les entreprises qui utilisent le terme « IA » dans leurs communiqués de presse ne sont pas promises à un avenir brillant. L’histoire nous apprend qu’à chaque révolution technologique, il y a des gagnants et des perdants. Vingt ans plus tard, les investisseurs qui ont misé sur Cisco au plus fort de la bulle en 2000 n’ont toujours pas récupéré leur investissement initial (sans tenir compte des dividendes). Privilégiez les sociétés qui peuvent se prévaloir d’une croissance des bénéfices avérée, d’un bilan sain et de valorisations réalistes. Avant d’investir, consultez les caractéristiques et risques principaux des instruments financiers.
Il est temps de diversifier vos investissements ?
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