Parler d’héritage avec votre famille : comment s’y prendre

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Planifier ouvertement sa succession ? Pour le Belge, c’est un sujet sensible. Il est souvent classé dans la même catégorie que la première conversation avec les enfants à propos du sexe: il faudra bien l’avoir, mais comment et quand… ? Nous ne savons pas toujours comment nous y prendre. « Nous constatons que le sujet de la succession peut surtout être un tabou pour les septuagénaires, les octogénaires et les nonagénaires, déclare Diederik de Pareto (planification financière). Certaines personnes plus âgées préfèrent garder pour elles des questions comme l’importance de leur patrimoine ou leur plan successoral. »

Une poire (ou un poirier) pour la soif

« La réticence de l’ancienne génération à parler d’héritage avec les enfants tient souvent à deux raisons. D’une part, de nombreuses personnes craignent tout simplement de n’avoir pas assez de moyens pour couvrir leurs dépenses futures. Elles auront des frais médicaux, elles devront peut-être déménager dans une maison de repos (coûteuse) et aucun médecin ne peut leur dire si elles vivront encore 25 ou 50 ans… Ces incertitudes les empêchent donc de planifier leur succession ou d’en parler. D’autre part, beaucoup de gens – jeunes et moins jeunes – ne connaissent pas les possibilités en matière de planification successorale. Par exemple, ils ne savent pas qu’on peut faire une donation à un enfant tout en gardant le contrôle sur cette donation. »

Le bon angle d’approche

« Adresser un signal à ses parents ? Cela peut être un exercice délicat, car vous ne voulez pas paraître intéressé, admet Diederik. Souvent, une bonne idée consiste à confier à vos parents que vous planifiez déjà votre succession pour vos propres enfants. La plupart des parents comprendront le message et commenceront peut-être spontanément à parler de leurs propres projets financiers. Si vous n’avez pas (encore) d’enfants, vous devrez trouver un autre angle d’approche. Ce peut être au grenier, à l’occasion du nettoyage de printemps annuel : “Papa/maman, que voudras-tu que je fasse de ce tableau quand tu ne seras plus là ?”. Bien sûr, vous pouvez aussi inverser les rôles et expliquer ce que vous souhaitez que l’on fasse de vos biens quand vous ne serez plus là. »

En parler avec les enfants

« À l’inverse, de parent à enfant(s), mieux vaut parler de succession quand vous sentez que votre enfant y est prêt, poursuit Diederik. Naturellement, cela dépend énormément de la situation et de l’enfant. Si les enfants sont toujours aux études ou doivent encore “réussir”, je recommande souvent de reporter cette conversation. Autrement, chez certains enfants, cela pourrait refréner leur ambition : s’ils savent qu’ils hériteront tôt ou tard d’un patrimoine important, leur propre esprit d’entreprise peut en pâtir. »

Écouter avec empathie

« Chez Pareto, nous intervenons régulièrement dans des questions de succession, explique Diederik. Nous observons souvent des situations où l’un des enfants se sent lésé et n’a jamais exprimé ce sentiment auparavant. L’un a pu utiliser gratuitement le garage des parents pendant 20 ans, l’autre non… Des biens offerts il y a 20 ans à l’un des enfants sont comparés aux biens laissés aujourd’hui à l’autre… Parfois, des discussions peuvent éclater par rapport à des objets qui ont une grande valeur émotionnelle, comme les bijoux de maman. Si vous parvenez à mener la conversation sur la répartition du patrimoine familial à temps et que tout le monde écoute avec empathie, vous pourrez justement résoudre les différends en amont et faire en sorte qu’ils ne dégénèrent pas en litiges plus tard. »

Compenser

« Dans certains cas, les parents peuvent estimer qu’une plus grande partie de l’héritage doit revenir à un enfant en particulier, expose Diederik. Il arrive que des parents rendent toutes sortes de services aux enfants qui habitent tout près de chez eux (de baby-sitting, de taxi, des travaux de jardinage…) et ne peuvent pas en faire profiter un enfant qui habite loin. En tant que parent, vous pourriez laisser une somme plus importante à l’autre enfant en guise de compensation. En pareil cas, mieux vaut mettre les choses à plat pour éviter les disputes ultérieures. Parler en toute franchise et à temps : ce sont les deux clés du succès. »

Un patrimoine à répartir

Pour finir : à quel âge faut-il commencer à planifier sa succession ? « À l'exception des anciennes générations, nous constatons que les gens s’y prennent de plus en plus tôt. Des sexagénaires, des quinquagénaires, mais aussi de plus en plus de quarantenaires et même de trentenaires s’en préoccupent. De toute manière, il est toujours bon d’avoir un plan successoral en cas de décès inattendu. Dès que l’on dispose d’un patrimoine garanti, prendre ses dispositions va en fait de soi. Généralement, des techniques très simples vous permettront déjà de parcourir un bon bout de chemin. D’une part, vous réaliserez ainsi une répartition correcte qui soulèvera le moins possible de discussions. D’autre part, un plan successoral vous permettra souvent de limiter fortement les coûts de votre succession. »

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