Robots humanoïdes : hype ou occasion en or pour les investisseurs ?
Keytrade Bank
keytradebank.be
07 mai 2025
3 minutes à lire
Des robots qui sortent une boisson du réfrigérateur pour vous, jouent avec votre chat ou aident à assembler une voiture : cela existe déjà. Mais est-ce un bon investissement ?
1. Qu’est-ce qu’un robot humanoïde ?
Un robot humanoïde est un robot qui a l’apparence et la mobilité d’un être humain. Ces robots ont souvent deux jambes, deux bras et une tête et sont conçus pour fonctionner dans les mêmes environnements que nous. Ils sont ainsi à même de marcher, de prendre des objets, de parler, d’arroser les plantes, voire de courir des semi-marathons.
Jusqu’à récemment, nous avons surtout eu affaire à des prototypes à peine sortis du laboratoire. Souvenez-vous d’ASIMO de Honda (capable de marcher et de monter des escaliers dans les années 2000), ou encore de l’amical robot Pepper de SoftBank. Mais depuis quelques années, les robots humanoïdes font leurs premiers pas dans des environnements de travail réels. Depuis fin 2023, Amazon en utilise pour déplacer des objets et ranger des bacs. Dans une de ses usines, BMW les emploie pour assembler des voitures.
Un robot humanoïde n’a pas nécessairement l’intelligence d’un être humain. Il n’y a pas si longtemps, ils ne connaissaient que des commandes préprogrammées, ce qui n’en faisait guère plus que des poupées mécaniques. Mais avec les nouvelles avancées en matière d’IA, leurs capacités commencent à progresser à un rythme accéléré. Les robots humanoïdes sont mieux à même de percevoir leur environnement, de prendre des décisions et d’acquérir de nouvelles compétences. De ce fait, la dernière génération est différente des tentatives précédentes.
2. Y a-t-il un avenir pour les robots humanoïdes ?
Oui – bien que cela dépende des nouvelles avancées technologiques, du prix et de l’acceptation sociale. Quoi qu’il en soit, le besoin est réel : de nombreux pays développés connaissent un vieillissement de la population et les entreprises sont à la recherche de solutions pour compenser la pénurie de profils qualifiés. Dans les usines, les centres de distribution et même les établissements de santé, il devient de plus en plus difficile de trouver suffisamment d’effectifs pour des tâches de soutien, répétitives, physiques ou peu attrayantes. Les robots humanoïdes peuvent jouer un rôle à cet égard. Leur capacité à se déplacer et à s’orienter dans des milieux conçus pour l’humain leur donnent un avantage sur les robots classiques, fixés à un rail ou confinés à un parcours délimité.
En outre, les robots humanoïdes peuvent contribuer à relever d’autres défis :
- Réduire les accidents du travail : dans des secteurs comme la construction, l’exploitation minière ou la logistique, ils peuvent se charger de tâches dangereuses, ce qui protégerait non seulement les personnes, mais réduirait aussi les coûts d’assurance pour les entreprises.
- Augmenter la productivité : les robots ne se fatiguent pas, ne font pas d’erreurs de distraction et n’ont pas besoin de pauses.
- Améliorer la prestation de services : dans les secteurs à forte intensité de contact, comme la vente au détail ou l’hôtellerie, les robots humanoïdes pourraient soulager les pics de travail ou se charger des interactions à caractère répétitif, comme le check-in à l’hôtel ou les guichets d’information aux aéroports.
- Améliorer l’accessibilité : dans les foyers des personnes handicapées, les robots pourraient faciliter les tâches quotidiennes en ouvrant des portes, en déplaçant des objets, en jouant un rôle de compagnon ou en apportant une aide à la mobilité. Tôt ou tard, ils pourraient même devenir des accessoires familiers dans chaque salle de séjour, par exemple pour faire du rangement, passer l’aspirateur ou laver le linge.
3. Quel est le paysage industriel actuel ?
Aujourd’hui, des centaines de start-ups rivalisent pour construire des robots humanoïdes polyvalents et abordables. L’Asie en particulier s’avère un pôle d’innovation : selon les estimations de la banque Morgan Stanley, 73 % des entreprises actives dans le domaine des humanoïdes sont basées dans cette région. En 2024, les start-ups sur le thème des robots humanoïdes ont attiré plus de capital-risque que jamais auparavant.
Quelques acteurs connus de l’industrie :
Boston Dynamics : connu pour le robot Atlas, l’un des robots humanoïdes les plus avancés et dynamiques au monde. Il est notamment capable de faire un salto arrière.
Figure AI : cette start-up travaille à un humanoïde généraliste, notamment pour les entrepôts et le commerce de détail.
Agility Robotics : le développeur de Digit, un humanoïde disponible dans le commerce et principalement utilisé dans la production, le stockage et la logistique.
Hanson Robotics : le développeur de Sophia, connue pour son apparence et ses expressions faciales réalistes. Hanson Robotics mise sur des robots socialement intelligents.
Apptronik : le développeur d’Apollo, un robot humanoïde polyvalent. Apptronik collabore entre autres avec la NASA, Mercedes-Benz et Amazon.
Agibot : l’un des fabricants chinois de robots humanoïdes qui connaît la croissance la plus rapide, avec comme fleurons les modèles Raise A1 et Yuanzheng A2. Ces robots sont utilisés dans les usines et l’industrie, mais l’entreprise ambitionne également des applications domestiques.
1X Technologies : spécialisée dans des robots légers et semblables à des humains pour les environnements domestiques. L’entreprise est soutenue par des investisseurs comme OpenAI.
LEJU Robotics : axée sur des robots humanoïdes intelligents comme Kuafu, qui excelle par sa mobilité et sa polyvalence. Ses modèles sont utilisés dans l’industrie, notamment par le constructeur automobile NIO.
Tesla : en 2022, un prototype du robot Optimus a été présenté au Tesla AI Day. Elon Musk l’a qualifié de « produit le plus important auquel Tesla travaille » et a suggéré qu’à terme, le marché des robots pourrait dépasser les ventes automobiles de Tesla.
Naturellement, la chaîne de valeur des robots humanoïdes s’étend bien au-delà des développeurs. Pensez aux fournisseurs de puissance cognitive comme Nvidia, Qualcomm, Palantir, Siemens et Horizon Robotics pour les semi-conducteurs et l’analyse de données. Ou encore aux fournisseurs de corps comme Valeo, Schaeffler, Infineon et RBC Bearings pour les moteurs, les batteries, les capteurs, les vis, etc.
4. Potentiel de marché : d’une niche à une industrie multimilliardaire ?
À l’heure actuelle, le marché est encore minuscule. Il n’y a que quelques dizaines de prototypes avancés au monde et en 2025, le nombre de transactions commerciales reste anecdotique. Mais cela pourrait changer. Si les estimations relatives au développement du marché divergent fortement, elles sont unanimement optimistes :
- Morgan Stanley prévoit que d’ici 2030, il pourrait y avoir 40 000 robots humanoïdes en service dans le monde. Ce chiffre pourrait gonfler à 63 millions d’ici 2050. Pour situer cette dernière projection : cela reviendrait à peu près à un robot humanoïde pour 150 personnes dans le monde entier.
- Citigroup est encore plus optimiste et augure un marché de 7 000 milliards de dollars d’ici 2050, avec 1,19 milliard de robots humanoïdes opérationnels.
- Goldman Sachs est plus prudent et prévoit une « croissance significative de la robotique humanoïde », avec un marché mondial de 38 milliards de dollars d’ici 2035.
- Macquarie, une autre banque d’investissement, s’attend à ce que 6,3 millions de robots humanoïdes soient en service d’ici 2035, soit un marché de 139 milliards de dollars.
Bien entendu, ce sont des chiffres à prendre avec de grosses pincettes. Mais ils ont le mérite d’illustrer un point important : si la technologie venait à être adoptée, à l’instar de l’IA générative, les investisseurs précoces pourraient réaliser un rendement élevé.
Il est également intéressant de constater que de nombreux projets actuels se concentrent sur des applications industrielles, un marché déjà grand en soi. Or, selon certains analystes, la clé de la valeur future ne réside pas à l’usine, mais dans les foyers : des robots majordomes, des robots ménagers, voire des robots nounous. Un robot qui surveille les enfants ou fait les tâches ménagères pourrait potentiellement entrer dans la vie de centaines de millions de familles.
Actuellement (avril 2025), la production d’un seul robot humanoïde avancé se monte vite à des dizaines de milliers de dollars. Morgan Stanley s’attend à ce qu’un exemplaire coûte encore 150 000 dollars en 2028, avant de descendre à 50 000 dollars en 2040. Ce n’est qu’à partir de ce niveau de prix ou plus bas que les robots pourront s’aventurer sur le marché de la consommation.
5. Risques et défis : du hype à la faisabilité
Il arrive souvent que les révolutions technologiques se fassent attendre plus longtemps que prévu. En 2015, par exemple, beaucoup de personnes pensaient que les voitures autonomes seraient monnaie courante en 2020. Il y a donc un risque que les robots humanoïdes n’atteignent leur maturité que bien plus tard, voire que la technologie se heurte à des obstacles inattendus. Pour les investisseurs, cela signifie que le time-to-market est imprévisible. Ainsi, les premiers à parier sur cette technologie pourraient rester coincés longtemps avec des actifs non performants avant de toucher un bénéfice.
Si les percées technologiques s’avèrent décevantes ou si les consommateurs ne sont pas prêts à les accueillir, le hype peut se transformer en douche froide. C’est ce que nous avons vu à plusieurs reprises ces dernières années, par exemple avec les lunettes VR/AR, le métavers et l’impression 3D : beaucoup de buzz, des valorisations élevées, mais une lenteur d’adoption qui a fini par faire baisser les cours. Avec les robots humanoïdes aussi, il y a un risque que de nombreuses promesses ne soient pas tenues.
Les acteurs du secteur se multiplient, mais tout le monde ne tirera pas son épingle du jeu. Comme c’est souvent le cas avec les nouvelles technologies, il y aura probablement un petit nombre de gagnants et beaucoup de perdants. Pour les investisseurs, il est donc difficile de déterminer qui finira par conquérir des parts de marché.
Un risque concret réside dans la réaction des sociétés. Le recours à des robots de forme humaine soulève des questions éthiques. Faut-il des règles pour la sécurité au travail ? Qui est responsable si un robot blesse quelqu’un ou commet des erreurs ? De même, si l’automatisation entraîne des pertes d’emploi, il pourra y avoir un mouvement de rejet. Les gouvernements pourraient taxer l’importation de robots ou imposer des règles pour protéger le travail humain. Et puis, il y a le sentiment du public : les gens accepteront-ils des robots humanoïdes dans leur environnement ?
Dernier défi et non des moindres : même si la technologie fonctionne, il reste à voir si elle est rentable. Après tout, construire des robots coûte beaucoup d’argent et les premières générations seront probablement très chères, à la fois à l’achat et en termes d’entretien. Le potentiel a donc beau être énorme, l’incertitude l’est tout autant.
6. Investir dans les humanoïdes ?
Les robots humanoïdes sont un segment passionnant, mais spéculatif de l’univers d’investissement de l’IA/la robotique. Les investisseurs qui veulent et peuvent tenter leur chance peuvent y obtenir une exposition de plusieurs manières :
1. Actions individuelles
Vous pouvez directement acheter des actions d’entreprises opérationnelles dans cette niche. Quelques exemples :
- Fabricants (automobiles) : comme Tesla, Toyota, Xpeng ou encore Hyundai, le propriétaire de Boston Dynamics, mais aussi Ubtech et Xiaomi.Bien qu’ils tirent actuellement la majeure partie de leur chiffre d’affaires des voitures et d’autres produits et services, les robots humanoïdes pourront potentiellement créer de la valeur à l’avenir.
- Fournisseurs : pensez à Nvidia, AMD, Qualcomm, Ouster, Samsung Electronics, Dassault Systems et Mobileye.
- Acteurs de la robotique industrielle : des entreprises telles qu’ABB, Fanuc ou Kuka (rachetée par le groupe chinois Midea) fabriquent déjà des robots et peuvent étendre leur expertise aux humanoïdes ou à leurs composants.
- Pure players émergents : il y en a malheureusement beaucoup (Figure AI, Sanctuary AI, Agility Robotics, etc.) qui ne sont pas encore cotés en bourse. Vous pourriez vous tourner vers des conglomérats qui ont acquis des parts de pure players (p. ex. Schaeffler AG a pris une participation dans Agility Robotics).
2. ETF (trackers)
Une façon plus simple d’investir dans la robotique consiste à passer par un ETF spécialisé. Il en existe plusieurs qui suivent un panier d’actions sur cette thématique et liées à l’IA : Quelques noms connus :
- iShares Automation & Robotics UCITS ETF
- Global X Robotics & Artificial Intelligence ETF
- L&G ROBO Global Robotics & Automation UCITS ETF
- ARK Artificial Intelligence & Robotics UCITS ETF
- Amundi MSCI Robotics & AI UCITS ETF
Bien qu’il n’y ait pas encore d’ETF exclusivement consacrés aux robots humanoïdes à l’heure actuelle (situation en mai 2025), les fonds ci-dessus offrent une exposition au secteur nécessaire à leur création.
3. Fonds gérés activement
Outre les ETF, il existe des fonds d’investissement axés sur la disruption technologique, l’IA ou la robotique. Tout placement dans ce segment doit surtout relever d’une vision à long terme : autrement dit, investissez-y dans la conviction que le monde va changer, pas dans l’espoir que les prochains trimestres seront spectaculaires. Pensez donc à un horizon de plusieurs années (voire de plusieurs décennies).
Investir dans des robots humanoïdes ?
Avant d’investir, consultez les caractéristiques et risques principaux des instruments financiers.
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