Inquiétudes au Moyen-Orient : risques et opportunités dans le secteur de l’énergie
Keytrade Bank
keytradebank.be
23 juin 2025
3 minutes à lire
Les tensions géopolitiques au Moyen-Orient font grimper le prix du pétrole. Qui dit fumée, dit rendement ?
L’embrasement au Moyen-Orient souligne à nouveau la vulnérabilité de l’approvisionnement énergétique mondial aux chocs géopolitiques. Les attaques entre Israël et l’Iran ont fortement bouleversé les marchés pétroliers : le 13 juin, le prix du pétrole a même bondi de 13 % à un certain moment de la journée.
L’Iran possède la troisième plus grande réserve de pétrole au monde. Le pays pompe chaque jour environ 3 millions de barils de pétrole (plus ou moins 4 % de la production mondiale). En outre, l’Iran possède la deuxième plus grande réserve de gaz.
Le pays est non seulement un producteur incontournable, mais il partage également le contrôle du détroit d’Ormuz. Environ 20 % de tout le pétrole mondial transite par ce canal maritime étroit. L’Iran a déjà menacé ouvertement de fermer le détroit d’Ormuz. L’Arabie saoudite, le Koweït, l’Irak et l’Iran dépendent tous de ce passage étroit dans le golfe Persique pour transporter du pétrole.
À la fois l’Iran et Israël ont déjà mutuellement pris pour cible des infrastructures énergétiques stratégiques, mais aucune perturbation majeure n’est encore à l’ordre du jour (situation au 17 juin 2025). Si davantage d’infrastructures pétrolières sont gravement endommagées ou si le détroit d’Ormuz est effectivement bloqué, l’impact sur les prix pourrait être considérable. Certains analystes préviennent que le pétrole pourrait se rapprocher de 100-120USD par baril si un tel scénario se produisait.
Risques et opportunités à court et long terme
La hausse du prix du pétrole est généralement le principal carburant de l’inflation. L’essence deviendrait ainsi plus chère, mais aussi d’autres produits (des textiles aux plastiques en passant par les médicaments et le chewing-gum). Si le prix du pétrole restait élevé pendant une période prolongée, les banques centrales, qui semblaient à peine avoir le contrôle sur l’inflation, pourraient devoir revoir leur politique de taux d’intérêt afin d’éviter un nouveau choc énergétique.
Le spectre de la stagflation ferait alors son grand retour, à savoir une faible croissance économique associée à des prix élevés. Bien qu’un tel scénario soit encore improbable (situation au 17 juin 2025), un effet domino reste possible en cas de nouvelle escalade.
En parallèle, la hausse des prix de l’énergie offre également des opportunités pour les investisseurs. Les actions pétrolières et gazières profitent généralement de la hausse des prix. Et si le conflit s’intensifie, le GNL et les énergies renouvelables pourraient avoir le vent en poupe.
Attention : les produits d’investissement sont soumis à des risques. Ils peuvent évoluer à la hausse comme à la baisse et il est possible que vous ne récupériez pas le montant de votre investissement.
1. Pétrole
Les premiers grands gagnants d’une hausse du prix du pétrole sont les grands producteurs de pétrole. Les entreprises comme ExxonMobil, Chevron, Shell et TotalEnergies voient leurs marges bénéficiaires augmenter de concert avec la hausse du prix du baril. Pour ceux qui privilégient une stratégie de diversification, il existe différents trackers qui répliquent un indice d’actions pétrolières.
Les investisseurs spéculatifs peuvent envisager des produits à effet de levier afin de profiter de pics de prix à court terme. Ces produits sont très risqués et ne conviennent qu’aux investisseurs expérimentés ou aux positions tactiques à court terme.
Si vous souhaitez intégrer le pétrole dans votre portefeuille sans mettre tous vos œufs dans le même panier, vous pouvez envisager d’investir dans un tracker élargi sur les matières premières (dans lequel le pétrole a un poids important, mais qui inclut aussi des métaux et des produits agricoles par exemple).
Attention : un investissement dans le pétrole peut offrir des perspectives de gains rapides, mais aussi de baisse brutale. En cas de désescalade, le prix du pétrole pourrait chuter aussi vite qu’il a augmenté. En outre, un prix du pétrole élevé pendant une période prolongée pourrait à moyen terme peser sur la demande, ce qui serait susceptible d’ensuite peser sur les bénéfices des compagnies pétrolières.
Si les tensions géopolitiques persistent ou s’exacerbent jusqu’à arriver à un conflit de longue durée, le contexte changera fondamentalement. Les pays importateurs de pétrole chercheront à réduire leur dépendance, ce qui pourrait stimuler l’exploration domestique, augmenter les investissements dans des stocks stratégiques et relancer la question de l’indépendance énergétique.
2. Gaz naturel et GNL
Le gaz naturel liquéfié (GNL) joue un rôle de plus en plus important sur le marché de l’énergie, en particulier en Europe. Depuis la guerre en Ukraine, l’Europe a réduit progressivement ses importations de gaz en provenance de Russie au profit du GNL, principalement issu des États-Unis et du Qatar. Si le détroit d’Ormuz venait effectivement à être perturbé, une partie de cet approvisionnement en GNL serait également menacée et les prix sur le marché du GNL pourraient à nouveau atteindre des sommets comme en 2022.
Les investisseurs avec un appétit élevé pour le risque peuvent miser sur cette hypothèse via des producteurs de GNL tels que Cheniere Energy, des compagnies maritimes qui transportent du GNL ou des acteurs en infrastructure qui construisent et exploitent des terminaux de GNL. L’Europe elle-même investit dans de nouveaux terminaux de GNL de l’Allemagne à la Grèce, afin de pouvoir recevoir l’approvisionnement de différentes régions.
Sur le long terme, le marché du GNL affiche de toute façon déjà une forte croissance structurelle en raison de la transition énergétique mondiale. Le gaz naturel est souvent considéré comme un carburant de transition : il est moins polluant que le charbon et peut être utilisé de manière flexible.
3. Énergie renouvelable
Chaque nouvelle crise énergétique souligne le rôle essentiel des énergies renouvelables comme tampon stratégique. Lorsque le pétrole et le gaz deviennent des armes politiques, le soleil, le vent et d’autres sources vertes gagnent en popularité.
À court terme, les acteurs dans l’énergie solaire et éolienne ne profiteront toutefois peut-être pas immédiatement des affrontements au Moyen-Orient. Au contraire, leurs technologies n’ont rien à voir avec le pétrole ou le gaz, et leurs cours boursiers ont été mis sous pression ces dernières années en raison de charges d’intérêt élevées, de longs cycles de développement et de subventions en baisse. Néanmoins, l’importance croissante de la sécurité énergétique et de l’indépendance géopolitique pourrait jouer en leur faveur sur le long terme.
Selon l’Agence internationale de l’énergie, les énergies renouvelables sont aujourd’hui moins chères à produire que le gaz, le charbon et l’énergie nucléaire, même sans subvention. Même l’Arabie saoudite, le plus grand producteur de pétrole après les États-Unis, vise à obtenir la moitié de son électricité à partir du soleil et du vent d’ici 2030. Les coûts d’installation continuent de baisser et la technologie devient plus efficace.
Les énergies renouvelables sont la réponse ultime à la dépendance énergétique. Un pays qui produit lui-même de l’énergie solaire ou éolienne est moins vulnérable aux conflits qui éclatent de l’autre côté du monde. Les pouvoirs publics peuvent accélérer leurs objectifs énergétiques à la suite de ce conflit, surtout s’il s’aggrave et si l’approvisionnement en pétrole est compromis.
Pour les investisseurs, il existe plusieurs manières de miser sur cette tendance : de Vestas (éoliennes), First Solar (panneaux solaires) ou Ørsted (parcs éoliens offshore) aux ETF qui répliquent le segment élargi des technologies propres ou des infrastructures vertes. Attention : le parcours peut être accidenté, comme nous l’avons constaté ces dernières années.
4. Écosystème énergétique élargi
Enfin, vous pouvez aussi sortir des sentiers battus pour investir dans l’énergie. Pensez à l’uranium (qui connaît un regain de popularité en tant que source neutre en CO₂ via l’énergie nucléaire), aux petits réacteurs nucléaires, aux entreprises qui développent des réseaux intelligents (comme Siemens ou Schneider Electric) ou aux acteurs de niche qui misent sur l’hydrogène, les biocarburants ou la géothermie.
En outre, les fonds de matières premières ou les ETF multithématiques peuvent présenter des opportunités pour ceux qui souhaitent miser sur l’énergie sans se concentrer sur un seul sous-segment. Les entreprises spécialisées dans le pétrole et les matières premières classiques qui se réorientent pleinement vers les « carburants de transition » ou les énergies renouvelables peuvent également être intéressantes pour ceux qui misent sur le rendement et la durabilité.
Avant d’investir, consultez les caractéristiques et risques principaux des instruments financiers.
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