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La bourse japonaise est-elle la plus sous-estimée au monde ?

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Les actions japonaises semblent se réveiller après une longue hibernation. Des réformes économiques aux dividendes plus généreux : voilà pourquoi les investisseurs se tournent à nouveau vers le Japon.

À la fin des années 1980, le marché des actions japonais atteignait des sommets vertigineux. Pendant cette période, la spéculation était à son comble. Les actions et l’immobilier avaient pris une telle valeur que le palais impérial de Tokyo coûtait autant que toute la Californie. Au cours de cette période, huit groupes japonais figuraient dans le top 10 mondial des plus grandes entreprises. La bourse japonaise représentait même près de 45 % de la valeur de marché mondiale totale, soit plus que la bourse américaine.

En décembre 1989, le Nikkei 225 clôturait sur un record de 38 915 points. L’indice avait ainsi opéré un bond de 500 % depuis le début des années 1980. Une progression suivie par l’un des accidents les plus marquants de l’histoire. En 1990, le marché perdit près de 40 % et les années suivantes, le Japon entama une longue récession.

Cette période est connue sous le nom de décennies perdues : les années 1990 et 2000 ont été marquées par une stagnation de la croissance, une baisse des prix (déflation) et des entreprises qui remboursaient leurs dettes plutôt que d’investir. L’économie est alors entrée dans un cercle vicieux, tandis que la confiance des investisseurs dans Japan Inc. subissait de lourds revers. Ce n’est qu’aux alentours de 2003 que la bourse sembla presque toucher le fond, un peu avant de retomber encore plus bas, à 7000 points, lors de la crise financière mondiale de 2008. Alors que les bourses occidentales connaissaient une croissance constante sur plusieurs décennies, le Nikkei restait à la traîne.

Retour au niveau de 1989

Si l’indice cote encore aujourd’hui aux alentours de son niveau d’il y a 36 ans (un contraste hallucinant avec Wall Street, par exemple), des signes de vie se profilent à nouveau. Depuis 2013, la bourse japonaise semble clairement reprendre vigueur. En mars 2024, le Nikkei atteignait son niveau le plus élevé depuis 1989. Durant l’été 2024, l’indice a même atteint un record de 42 000 points, suivi d’une période très volatile au cours de laquelle l’indice a chuté à 32 000 points.

Malgré les hauts et les bas, les investisseurs osent à nouveau se tourner vers le Japon ces dernières années. Le contexte actuel est différent : la structure économique du Japon a changé progressivement et, après des décennies de désillusion, on observe de timides points lumineux qui étaient inconcevables dans les années 1990. En avril 2025, les investisseurs institutionnels étrangers ont mêmejeté leur dévolu sur les actions japonaises comme jamais auparavant.

Volte-face économique et politique : fin de la déflation, en route vers la réforme

Le Japon semble enfin sortir de l’ombre de la déflation. Après près de 30 ans de baisses ou de stagnation des prix, l’inflation est de retour. Depuis 2022, l’inflation est invariablement supérieure à 2 %, un jalon que la Banque du Japon (BoJ) visait en vain depuis des années. Cette évolution est en partie due à des facteurs globaux (énergie et matières premières plus chères), mais des changements structurels sont également en cours. Des années de pénurie de main-d’œuvre due au vieillissement de la population donnent enfin plus d’arguments aux travailleurs en faveur d’une augmentation. La hausse des salaires, combinée à l’anticipation de nouvelles hausses de prix, peut créer une spirale positive : les consommateurs dépensent désormais plus d’argent au lieu de reporter les achats ou de thésauriser.

Sur le plan politique, le Japon n’est pas non plus resté les bras croisés. Depuis la période Abe (2012-2020), les gouvernements ont procédé à des réformes structurelles en vue de redynamiser l’économie. Sous Abenomics, les rênes monétaires ont été encensées (taux d’intérêt ultra-bas, création de fonds) et des incitants fiscaux ont été mis en place. La réforme du NISA (Nippon Individual Savings Account), le compte d’investissement exonéré d’impôts pour les Japonais, figure parmi les récentes interventions politiques remarquables. Depuis 2024, les limites ont été considérablement relevées et le programme est devenu permanent, afin d’inciter les Japonais à utiliser leur épargne colossale (plus de 6100 milliards d’euros, selon Bloomberg) de manière plus productive. Ces mesures commencent à porter leurs fruits : des sommes considérables qui dormaient depuis des années sur des comptes d’épargne retrouvent leur chemin vers la bourse.

Enfin, la politique monétaire s’est également inversée avec prudence. Fin 2024, la BoJ a enfin dit adieu aux taux négatifs, avec à la clé la première hausse de taux en 17 ans. Le taux directeur se situe actuellement aux alentours de +0,5 % (situation en mai 2025), ce qui reste extrêmement bas, mais marque la fin d’une ère. De nouveaux relèvements des taux d’intérêt seront probablement lents et limités compte tenu de la croissance fragile, mais l’idée d’un taux positif et d’une courbe des taux haussière est de retour.

Les entreprises japonaises en transition

Non seulement la macroéconomie, mais aussi la micro-économie – les entreprises proprement dites – sont en pleine transition. Pendant longtemps, les bénéfices ne revenaient pas forcément à l’actionnaire ; la préférence allait au maintien de liquidités plutôt qu’à l’augmentation des dividendes. Les actionnaires externes avaient peu d’influence et les acquisitions hostiles étaient tabous.

Cette culture connaît actuellement un revirement, sous la pression des pouvoirs publics et des investisseurs. Une série de réformes entraîne une transparence accrue et une focalisation sur la valeur pour les actionnaires. Par exemple, les entreprises désignent davantage d’administrateurs indépendants. En 2014, à peine 6,4 % des entreprises comptaient au moins un troisième administrateur indépendant ; en 2022, selon JP Morgan, ce taux dépassait les 90 %. Au cours de l’exercice 2024, pas moins de 100 milliards d’euros d’actions propres ont été rachetés, soit une augmentation de 75 % par rapport à l’année précédente. En outre, les entreprises japonaises versent des dividendes record depuis quatre années consécutives.

L’intérêt de Warren Buffett est un exemple révélateur. Ces dernières années, le célèbre investisseur a injecté plus de 23 milliards d’USD dans cinq grands conglomérats japonais (Itochu, Marubeni, Mitsubishi, Mitsui et Sumitomo) parce qu’il estimait leurs bases solides par rapport aux faibles cours boursiers. Récemment, Buffett a accru ses parts à hauteur d’environ 10 % dans chacune de ces entreprises. Et de déclarer explicitement qu’il souhaite conserver ces positions « à très long terme ». Une telle participation de l’investisseur le plus connu au monde est, pour beaucoup, un signe évident que le marché japonais recèle de la valeur.

Opportunités sectorielles : de la robotique au vieillissement de la population

Le Japon fait office de puissance technologique depuis des décennies, comme en témoignent l’automobile, l’électronique et les machines, mais certains secteurs se démarquent aujourd’hui. À commencer par la robotique et l’automatisation. Avec des leaders mondiaux tels que Fanuc, Keyence et Yaskawa, le Pays du Soleil levant occupe une position parfaite pour profiter de la vague d’automatisation planétaire. Alors que les salaires augmentent partout dans le monde et que les chaînes d’approvisionnement se régionalisent, les entreprises investissent davantage dans l’automatisation. De plus, face à la diminution de la main-d’œuvre, le pays lui-même a considérablement besoin de robots et d’IA pour maintenir sa productivité.

Le secteur technologique au sens large offre également des opportunités. Outre le matériel informatique, le Japon compte des leaders dans les jeux vidéo (Nintendo, Sony), la technologie financière, l’e-commerce et les équipements de production de semi-conducteurs (Tokyo Electron, Advantest). Certaines de ces entreprises sont des leaders, mais cotent à des valorisations bien plus basses que leurs homologues américaines, en partie parce que le marché domestique est plus petit et que les investisseurs ont longtemps ignoré le Japon.

Le vieillissement de la population constitue également un enjeu. Près de trois Japonais sur dix ont plus de 65 ans. Cela implique une forte demande en soins (de santé), produits pharmaceutiques et divertissement. Les entreprises qui fabriquent des dispositifs médicaux (comme Terumo), les sociétés pharmaceutiques spécialisées dans les maladies liées à l’âge, les exploitants d’établissements pour seniors ou encore les fabricants de biens de consommation destinés aux personnes âgées profitent d’un marché en plein essor. La robotique appliquée aux soins est également une niche sur laquelle le Japon mise. La silvereconomy est déjà tangible au Japon (p. ex. plus de couches vendues pour les adultes que pour les bébés).

Enfin, les investisseurs ne doivent pas oublier les énergies renouvelables et les technologies climatiques. En sa qualité d’importateur de combustibles fossiles, le Japon a tout intérêt à promouvoir les énergies alternatives. Après la catastrophe de Fukushima, l’énergie nucléaire est restée à un niveau bas, ce qui explique pourquoi le pays investit dans les parcs éoliens offshore, l’hydrogène et l’énergie solaire. Les grandes entreprises nippones (comme Mitsubishi Heavy Industries) mettent au point des technologies vertes, tandis que les pouvoirs publics misent sur un avenir bas carbone. Si ce secteur n’est pas un atout exclusif pour le Japon, ce pays peut néanmoins l’exploiter.

L’influence du yen

Le rôle du yen demeure un facteur unique dans les investissements au Japon. La monnaie sert souvent de valeur refuge : elle augmente en cas de panique mondiale et baisse en périodes de risk on. Un yen plus fort a deux facettes : côté pile, il attire les investisseurs étrangers, car leurs investissements dans cette monnaie gagnent en valeur dans leur propre devise, et réduit les coûts d’importation, gonflant les bénéfices des entreprises nationales. Côté face, les entreprises axées sur les exportations ressentent d’emblée une hausse du yen dans leurs résultats : leur compétitivité et leurs marges bénéficiaires sont sous pression. Cette interaction est un phénomène japonais classique : historiquement, il existe un lien négatif entre le yen et la bourse japonaise. En cas de forte progression du yen, les exportateurs faiblissent en bourse (et vice versa).

Pour les investisseurs belges, cela signifie que la politique monétaire joue un rôle clé dans le rendement. Un investissement dans des actions japonaises peut rapporter davantage lorsque le yen est plus fort que l’euro, mais à l’inverse, un yen plus faible peut saper une partie des gains boursiers. Ce rendement de valeur peut être couvert par des produits spécifiques, mais cela entraîne des frais. De nombreux fonds et ETF proposent une version couverte.

Comment investir ?

Il existe différentes voies pour acquérir une exposition au Japon, chacune présentant ses propres avantages et inconvénients :

  • Trackers (ETF) : ils vous permettent d’acheter un panier entier d’actions japonaises d’un seul coup, généralement à faible coût. Il existe des ETF sur le large Topix ou Nikkei, ou sur des secteurs spécifiques (p. ex. des sociétés japonaises à dividendes, de petites capitalisations japonaises, etc.). L’un des avantages réside dans la large diversification et la facilité : vous suivez le marché. L’inconvénient est que vous incluez également les moins bonnes entreprises et que vous n’avez aucune chance de battre le marché ; vous obtenez la moyenne du marché.
  • Fonds de placement (gestion active) : plusieurs gestionnaires proposent des fonds japonais. Ces maisons de fonds tentent de battre le marché en sélectionnant les meilleures actions. Elles peuvent également miser sur des thèmes. Les avantages : expertise et rendement supplémentaire potentiel, auxquels s’ajoute le fait que vous ne devez pas vous soucier de la sélection des titres. Les inconvénients : les frais sont plus élevés, et il n’est pas garanti que chaque gestionnaire batte l’indice.
  • Actions individuelles : vous pouvez aussi sélectionner et acheter vous-même des actions japonaises. Cela requiert toutefois des connaissances et un suivi approfondis. Toutefois, cela peut être intéressant si vous avez des convictions spécifiques (p. ex. vous avez une foi inébranlable en une entreprise de robotique ou un constructeur automobile).

Avant d’investir, consultez les caractéristiques et risques principaux des instruments financiers.

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