Buy the rumour, sell the news
Keytrade Bank
keytradebank.be
01 octobre 2025
(actualisé le 15 octobre 2025)
2 minutes à lire
Certains adages boursiers ne semblent pas dénués de risques. La stratégie Buy the rumour, sell the news en est un parfait exemple. Elle ressemble étrangement à une astuce rusée pour avoir une longueur d’avance sur les autres investisseurs. Et d’une certaine manière, elle peut parfois être justifiée : en bourse, la nouvelle même n’est pas toujours la plus importante, mais plutôt celui qui pense pouvoir en profiter le premier.
Explication
Buy the rumour, sell the news ou la variante sell the fact fait référence à la tendance des investisseurs à acheter des actions sur la base de rumeurs qui ne sont pas encore confirmées. Dès que l’actualité se confirme, ils vendent. Juste au moment où les investisseurs plus prudents investissent.
La partie news dans l’adage boursier fait dès lors référence aux investisseurs qui prennent la décision en retard. Ils investissent seulement lorsque tout le monde connait déjà la nouvelle et paient donc (inconsciemment) un prix trop élevé pour leurs actions.
Qui l’a dit en premier ?
La déclaration elle-même ne peut pas être attribuée directement à une personne spécifique. Des sources en ligne citent des articles de presse qui prouvent que cet adage est utilisé dans le monde boursier au moins depuis les années 1950. À cette époque, il était plutôt facile de lancer des rumeurs, sans avoir la possibilité de confirmer ou de démentir celles-ci.
Est-ce que cela fonctionne vraiment de cette manière en bourse ?
Ce proverbe boursier contient bien entendu une part de vérité. En effet, la bourse n’est pas le reflet de la situation actuelle, mais bien des attentes pour l’avenir. Autrement dit, les cours ne réagissent souvent pas aux faits, mais à ce que les investisseurs pensent qu’il va se passer.
Le sentiment et l’émotion s’inspirent souvent du bon sens. Dès qu’une rumeur est lancée, comme à propos d’une fusion, d’une innovation spectaculaire ou d’un contrat important, les investisseurs commencent à spéculer. Conséquence : le cours commence à grimper avant même que les nouvelles ne soient officielles.
Et quand la nouvelle est réellement confirmée, la surprise n’en est peut-être déjà plus une. Le cours reste inchangé ou peut même baisser. Celui qui investit à ce moment est dès lors susceptible de payer le pot plein.
La percée de Pfizer avec le vaccin contre le coronavirus
En novembre 2020, le géant pharmaceutique Pfizer a annoncé une envolée de la production d’un vaccin contre le Covid-19 qui serait efficace à 90 %. L’effet boule de neige boursier s’est immédiatement mis en marche avant l’annonce officielle :
- Les cours des compagnies aériennes, des chaînes d’hôtel et des entreprises touristiques ont commencé à grimper dès le matin ;
- Lorsque l’annonce a été faite, les cours ont poursuivi leur progression ;
- Mais d’ici la fin de la semaine, ils sont repartis à la baisse.Les analystes ont supposé que de nombreux investisseurs avaient anticipé la nouvelle.
Est-ce que cela vaut la peine d’essayer ?
La stratégie Buy the rumour, sell the news n’est pas une garantie de succès, mais cela peut vous faire gagner de l’argent en tant qu’investisseur. Quels sont les avantages et les inconvénients potentiels ?
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|---|---|
Les avantages | Les inconvénients |
Vous apprenez à observer le marché. | Parfois, de fausses rumeurs se propagent volontairement. |
Vous augmentez vos chances d’être un précurseur en cas de mouvement important des cours. | Vous risquez d’investir trop tôt. |
Vous développez un sens du timing et de la dynamique du marché. | Quel est le moment idéal pour vendre ? La rumeur sera-t-elle confirmée un jour ? |
La sagesse de l’expert : « Le comportement moutonnier peut attirer les investisseurs débutants »
Geert Van Herck est expert boursier et Chief Strategist chez Keytrade Bank. Il est réputé pour ses analyses de marché claires et ses explications accessibles aux investisseurs particuliers. Geert Van Herck partage régulièrement des informations sur les investissements, les tendances et les stratégies via des blogs, des webinaires et les médias.
« En bourse, on achète souvent sur la base de rumeurs et on vend au moment de la confirmation. On voit alors un effet domino : tout le monde achète et vend immédiatement après. Nous avons déjà observé ce comportement moutonnier pendant la course à l’IA ou au niveau des entreprises actives dans la production pour la Défense. Mais aussi dans les actions du cannabis aux États-Unis ou avec Novo Nordisk et la folie Ozempic. Soudain, tout le monde veut passer par la même porte en même temps. Et puis vient souvent la (re)chute. »
« Pour les investisseurs débutants et inexpérimentés, c’est dangereux : ils sont entraînés par l’effet de mode et achètent juste au moment où le pic est en vue. Mon astuce ? Utilisez la moyenne des 200 derniers jours comme boussole et ignorez les statistiques en direct diffusées sur smartphone ou sur les sites boursiers. Tant qu’une action reste au-dessus de la moyenne, il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Mais une fois qu’elle est en dessous, il est temps d’être vigilant. Et peut-être même de vendre. »
« Il faut donc rester serein et ne pas se laisser emporter par l’agitation ambiante. C’est pourtant là que réside toute la difficulté : nombreux sont ceux qui prétendent investir sur le long terme, mais dès les premiers soubresauts, l’inquiétude prend le dessus. »
Effet Macworld pour Apple
MacWorld Expo était un salon annuel de l’informatique qui avait lieu aux États-Unis de 1985 à 2014. À l’approche du salon, les spéculations sur les nouveaux lancements de produits d’Apple allaient bon train. Vous avez probablement déjà compris :
- Les investisseurs achetaient souvent des actions Apple en anticipation de ces annonces ;
- Ce phénomène entraînait une hausse du cours de l’action avant l’événement ;
- Après les annonces effectives, de nombreux investisseurs vendaient leurs actions, ce qui provoquait parfois une baisse du cours.Ce phénomène a été baptisé l’« effet MacWorld ». Une analyse a démontré que l’achat d’actions Apple un mois avant la MacWorld Expo et une vente le jour du keynote rapportaient en moyenne un bénéfice mensuel.
À quoi devez-vous absolument prêter attention en tant qu’investisseur débutant ?
Vous n’avez pas besoin d’être un professionnel de la bourse pour profiter de cet adage boursier. C’est en forgeant qu’on devient forgeron. Néanmoins, les astuces suivantes peuvent vous être utiles :
1. Détachez-vous de vos émotions
Les rumeurs sont souvent riches en émotions : enthousiasme, espoir, doute, avidité... Ne vous laissez pas emporter. Examinez les données de manière objective et soyez rationnel :
- Quelle est la probabilité que les rumeurs soient exactes ?
- Quel est son impact sur les bénéfices, la stratégie ou la réputation de l’entreprise ?
2. Distinguez le buzz en ligne du bullshit en ligne
Les réseaux sociaux, les forums d’investissement ou les groupes WhatsApp regorgent souvent de ces rumeurs. « Il y aura une reprise ! » ou « Ils vont lancer un produit révolutionnaire ! » Ces annonces paraissent prometteuses, mais vérifiez toujours qu’il y a plusieurs sources crédibles. Les rumeurs peuvent temporairement faire grimper le cours, mais aussi rapidement les faire replonger si elles s’avèrent fausses.
3. Soyez attentif aux fluctuations de cours soudaines
Une action progresse de manière remarquablement rapide sans nouvelle officielle ? Dans ce cas, il est fort probable qu’une rumeur soit en train de circuler. Ne prenez pas de décision sur la base du FOMO (Fear Of Missing Out) à ce moment-là, mais posez-vous les questions suivantes :
- Quelle est la rumeur ?
- La rumeur est-elle crédible ?
- Cet investissement s’inscrit-il dans ma stratégie ?
4. Entraînez-vous avec de petits montants
Vous voulez miser sur les rumeurs ? Dans ce cas, il est préférable de commencer avec un petit montant. Vous pouvez aussi limiter les risques avec un portefeuille diversifié. Considérez-le comme un test pour expérimenter l’effet de cet adage boursier.
5. N’hésitez pas à prendre des bénéfices
Vous avez profité d’une rumeur qui s’est révélée vraie ? Félicitations ! Vous pouvez maintenant envisager de vendre (une partie de) votre position. Vous ne devez pas tout vendre directement, mais n’hésitez pas à prendre vos bénéfices. C’est même parfois une excellente idée.
Tous les yeux rivés sur NVIDIA
En 2023, l’intelligence artificielle a connu une ascension fulgurante. Les entreprises comme NVIDIA surfent pleinement sur la vague de l’IA, ce qui se traduit par des performances boursières impressionnantes. Il n’était pas surprenant que de nombreux investisseurs, compte tenu des attentes élevées, aient pleinement misé sur l’annonce des résultats trimestriels de NVIDIA mi-2023. Avant la véritable publication, la valeur de l’action a ainsi bondi de 10 %. Mais le jour même, le cours a commencé à plafonner et même à baisser le lendemain. C’était le résultat des nombreux investisseurs qui ont décidé de vendre immédiatement leur investissement pour récupérer du cash.
D’un adage boursier à une leçon de vie
En résumé, Buy the rumour, sell the news est une manière ludique de dire que la rapidité compte sur la bourse, mais qu’il est encore plus important de réfléchir de manière critique et de prêter attention aux indicateurs. Aujourd’hui encore plus qu’hier.
Gardez toujours une bonne vue d’ensemble. La nouvelle annoncée n’est parfois pas nécessairement payante à court terme, mais elle offre des opportunités de croissance à long terme. Pensez à l’annonce d’une nouvelle collaboration ou d’une entrée sur le marché. Dans ce cas, il peut être plus intéressant de conserver vos actions, même après la nouvelle. L’observation et l’apprentissage en continu sont les clés du succès !
