Réfléchissez-y à deux fois avant de confier votre testament à ChatGPT
Keytrade Bank
keytradebank.be
24 septembre 2025
3 minutes à lire
Gratuit, rapide et sans tracas : rédiger un testament à l’aide d’un modèle d’IA semble l’approche rêvée. Mais cette facilité apparente dissimule des risques importants.
Résumer un rapport, vous photoshopper chevauchant un dinosaure ou mener une discussion philosophique… Aujourd’hui, l’IA semble pouvoir tout faire ou presque. Quoi d’étonnant à ce que de plus en plus de personnes fassent appel à l’IA générative pour rédiger leur testament et d’autres documents juridiques ? Selon une enquête récente auprès de plus de 4 000 Américains et Britanniques, 47 % confieraient la rédaction de leur testament à un modèle d’IA (source).
À première vue, cela semble logique. Alors qu’un notaire ou un conseiller financier peut facturer des centaines d’euros, les outils d’IA populaires le font gratuitement. En outre, ChatGPT, Claude ou Le Chat sont disponibles 24/7, ne nécessitent aucun rendez-vous et sont accessibles depuis votre canapé. Là où le notaire ne vous donne rendez-vous que dans plusieurs semaines, un outil d’IA peut générer un testament en une demi-minute.
Mais… vous courez de grands risques
Pourtant, face à ces avantages, les testaments générés par l’IA présentent des risques considérables qui peuvent être lourds de conséquences pour vos héritiers. Voici six raisons de ne pas rédiger un testament avec l’IA…
1. Le droit successoral, trop complexe pour l’IA
Le droit successoral belge est un ensemble complexe de lois et de règles qui a évolué au fil des décennies. Les systèmes d’IA populaires, aussi sophistiqués soient-ils, ne peuvent pas pleinement intégrer cette complexité. Ils manquent de nuance et de sensibilité au contexte, deux éléments clés quand il s’agit de rédiger des documents juridiques.
Par exemple, selon le système belge, certains héritiers (vos enfants, votre conjoint) ont droit à une part minimale de la succession. Les outils d’IA génériques, souvent entraînés sur des données anglo-américaines, risquent de ne pas bien saisir ce concept.
Les nouveautés législatives, réglementaires et jurisprudentielles peuvent aussi avoir un impact sur votre testament ou d’autres documents juridiques. Les juristes professionnels s’en tiennent informés, mais les systèmes d’IA génériques peuvent les négliger.
2. Risque d’invalidité du testament
Un testament ne doit pas seulement exprimer vos souhaits, il doit aussi respecter des exigences juridiques strictes. Dans notre pays, par exemple, vous ne pouvez pas taper un testament à l’ordinateur ou le rédiger conjointement avec votre partenaire. L’IA peut passer à côté de ces subtilités et rendre le document caduc.
3. Risque d’oublis
Les outils d’IA ne peuvent pas tenir compte de ce qui rend votre situation unique. Vous avez des enfants issus de mariages différents ? Vous possédez des biens à l’étranger ? Vous avez une entreprise familiale ? Autant de situations complexes qui nécessitent des solutions sur mesure, que les modèles d’IA génériques ne peuvent tout simplement pas offrir. D’ailleurs, il est possible que vous omettiez vous-même des détails importants, qu’un notaire ou un autre expert vous signalerait.
4. Pas d’accompagnement
L’IA reste un ordinateur et non un être humain. Un chatbot ne peut pas percevoir vos doutes, vos incertitudes, ou un état émotionnel qui vous pousserait à « coucher vos idées sur papier » de manière plus impulsive que réfléchie. En revanche, votre notaire ou votre expert en planification patrimoniale vous posera des questions proactives et vous soumettra des scénarios auxquels vous n’auriez peut-être pas pensé.
5. Opacité sur la confidentialité et la protection des données
Pour faire rédiger un testament par une IA, vous devez souvent partager des informations personnelles et sensibles : les noms des héritiers, vos biens, vos comptes bancaires, vos relations familiales... Où ces informations se retrouveront-elles ? Seront-elles stockées, utilisées pour développer le modèle, voire partagées avec des tiers ? Sans garanties fermes, il peut y avoir des violations de votre vie privée.
6. La complexité fiscale à la trappe
Le système fiscal belge se caractérise par sa complexité et varie d’une région à l’autre. Les droits de succession diffèrent non seulement entre la Flandre, la Wallonie et Bruxelles, mais aussi en fonction du degré de parenté des héritiers et de la nature des biens. Faute d’évaluation correcte de ces aspects fiscaux, les outils d’IA peuvent vous entraîner dans une planification fiscale et financière moins réussie.
Pourquoi l’expertise est indispensable
L’expertise juridique va au-delà de la connaissance des lois et des règles. Cela nécessite de l’expérience, de l’intuition et la capacité à analyser des situations complexes. Un notaire ou un expert en planification patrimoniale ne se contente pas de rédiger un testament : il ou elle analyse l’ensemble de votre situation et vous donne des conseils. En effet, peut-être qu’un testament n’est pas la meilleure solution pour votre situation ou que des mesures supplémentaires s’imposent, comme une adaptation de votre contrat de mariage ou une donation.
Les juristes expérimentés identifieront les sources potentielles de conflit et pourront rédiger votre testament de manière à prévenir les litiges entre héritiers. Ils distingueront les formules claires de celles qui sont susceptibles d’entraîner des problèmes d’interprétation. Enfin, ils pourront anticiper des changements éventuels dans votre vie.
Quand l’IA peut malgré tout être utile
Cela ne veut pas dire que la technologie ne peut pas jouer un rôle dans le règlement de votre succession. Il existe des façons d’utiliser intelligemment les applications d’IA, par exemple pour la phase de préparation : ces outils peuvent vous aider à réfléchir à vos souhaits et vous donner un aperçu général des aspects à prendre en compte. Mais il est important de considérer le résultat comme une première étape, pas comme un projet abouti.
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