Wealth report 2025: interview avec les rechercheurs
Keytrade Bank
keytradebank.be
15 mai 2025
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Le Rapport sur le patrimoine des Belges présente le patrimoine des ménages belges. Que faut-il retenir de la prospérité des familles dans notre pays ? Les chercheurs Margaux Bearelle (doctorante, Département d’économie, Université de Gand) et Koen Inghelbrecht (Professeur de finance, Département d’économie, Université de Gand) approfondissent les résultats les plus marquants de l’étude.
Quels sont les principaux enseignements que vous tirez du Rapport sur le patrimoine des Belges ?
« Le patrimoine médian des ménages belges a augmenté de 11,2 % en 2025, pour atteindre 277 231 euros. La croissance a largement dépassé l’inflation, ce qui a permis à la plupart des ménages de voir leur pouvoir d’achat et leur patrimoine augmenter. Toutefois, la constitution de patrimoine est inégalement répartie. Les ménages disposant d’un patrimoine plus important ont également réalisé des gains plus élevés, ce qui a encore renforcé les disparités existantes. »
« La fameuse brique dans le ventre est un cliché, mais, comme la plupart des clichés, il contient un fond de vérité. L’immobilier résidentiel représente de loin la part la plus importante du patrimoine des ménages belges. Chez les jeunes ménages, l’immobilier semble encore plus important, qu’il s’agisse du premier logement ou d’autres biens immobiliers. En outre, ils épargnent principalement en vue de l’accession à la propriété, et ont une dette hypothécaire plus élevée que les ménages plus âgés. Parmi les ménages plus âgés, la part des actifs financiers dans le patrimoine augmente. »
« La plupart des ménages belges se sont enrichis, mais les inégalités de patrimoine se sont également creusées. »
Si l’on compare avec le rapport sur le patrimoine de 2024, quelles sont les tendances et évolutions qui ressortent ?
« Les ménages belges ont adapté leurs stratégies financières en réponse au changement des conditions économiques. En ce qui concerne l’immobilier et les autres actifs physiques, on observe un léger recul de l’accession à la propriété pour les primo-accédants. Les appartements et les terrains, quant à eux, sont en hausse ; la valeur médiane des appartements est également celle qui a le plus augmenté. Le nombre de prêts pour l’achat de résidences secondaires a également augmenté. »
« Parmi les actifs financiers, les changements dans le comportement d’investissement sont plus prononcés. Les comptes à terme, en particulier, sont en augmentation. Les banques ont rendu leurs comptes à terme plus attrayants en offrant des taux d’intérêt plus élevés, afin d’attirer les capitaux libérés par le bon d’État. En contrepartie, les obligations ont fortement diminué. En effet, l’argent que les Belges ont placé dans des obligations d’État en 2024 a donc été investi dans d’autres produits financiers. »
Où sont passés les milliards du bon d’État ?
« Un Belge sur cinq a participé à l’émission du bon d’État en 2023. C’était énorme, grâce au taux d’intérêt élevé, à l’avantage fiscal et à l’échéance courte. Lorsque le bon d’État a expiré au bout d’un an, seuls 31 % des participants ont réinvesti dans des obligations similaires. La plupart des ménages ont opté pour des comptes d’épargne (46 %) et des comptes à terme (33 %). Un pourcentage beaucoup plus faible a été investi dans des placements plus risqués, tels que les actions (6 %) ou l’immobilier (3 %). »
« La popularité du bon d’État et le choix de l’investissement après l’échéance de l’obligation illustrent l’aversion au risque de nombreux ménages belges. 93 % des familles préfèrent les investissements à risque faible ou moyen. »
Les cryptomonnaies ont-elles vraiment percé entre-temps ?
« Les investissements dans les cryptomonnaies restent, quoi qu’il en soit, un phénomène de niche. Sept pour cent des ménages investissent dans les cryptomonnaies, contre 6 % l’année dernière. Cela indique une adoption prudente des actifs numériques, mais l’intérêt reste encore relativement limité. Elle est également principalement concentrée dans les tranches d’âge les plus jeunes. »