Les trackers sont-ils la nouvelle bulle sur les marchés financiers?

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La popularité croissante des trackers engendre un débat animé parmi les investisseurs et les discussions ont pris une nouvelle ampleur ces dernières semaines après l’analyse faite par Michael Burry. Michael Burry est devenu mondialement célèbre pour avoir su prédire avec exactitude la crise financière de 2007. Aussi, lorsque ce dernier commence à se préoccuper de la popularité sans cesse croissante des trackers et va jusqu’à prononcer le mot "bulle", une courte analyse s'impose.

Que se passe-t-il selon Burry? Pour lui, nous nous dirigeons vers un terrible krach en raison des quantités massives d'argent investi dans ces fonds passifs. Quand? Au moment où la tendance haussière des marchés s'inversera, et où tout le monde se précipitera vers la sortie. Pour reprendre les termes de l’intéressé, "the longer it goes, the worse the crash will be". Cette analyse est-elle crédible?

Avant de la commenter plus en détail, j’aimerais revenir rapidement sur le fonctionnement d'un tracker ou fonds indiciel (ETF):

  • En tant que fonds d'investissement passifs, les trackers se limitent en définitive à suivre un indice sous-jacent. Il peut s'agir d'une bourse, comme le S&P 500 ou le BEL20, mais aussi d'un indice obligataire ou d’un indice des matières premières.
  • Si l’indice sous-jacent d'un tracker progresse de 1% par exemple, le tracker affichera la même évolution. L’inverse vaut également. Une baisse enregistrée par l’indice sous-jacent sera ainsi également reportée sur le tracker.
  • Si l’indice sous-jacent d'un tracker progresse de 1% par exemple, le tracker affichera la même évolution. L’inverse vaut également. Une baisse enregistrée par l’indice sous-jacent sera ainsi également reportée sur le tracker.
  • Par ailleurs, un tracker peut se négocier en bourse à toute heure de la journée. Dans le cas d'un fonds traditionnel, il convient systématiquement d'attendre le calcul de la valeur d'actif net en fin de journée.

Quelques réflexions sur le commentaire de Michael Burry:

  • L'assertion de Burry repose sur le fait que les cours des actions des principaux indices boursiers atteignent des niveaux sans cesse plus élevés en raison des investissements continus dans les trackers. Il affirme que le lien entre le cours boursier et les caractéristiques fondamentales des entreprises de l’indice en question n’existe plus.Notre point de vue: Si tel était le cas, pourquoi observons-nous cette année un net recul de grandes actions telles que Kraft (<20%)? Nous constatons en outre que le secteur bancaire européen, qui dicte traditionnellement le comportement des indices de référence, ne se porte pas très bien. Il est donc selon nous (très) peu probable que ces évolutions de cours aient un quelconque lien avec les investissements dans les fonds indiciels, qui entraîneraient les cours des actions des "blue chips" vers des sommets toujours plus élevés.
  • Burry avance également que les investisseurs ne font plus leurs devoirs. D'après lui, ils ne s'intéressent plus à la valeur intrinsèque des entreprises, ce qui fait apparaître des opportunités dans diverses classes d'actifs délaissées. Dans son article, Burry fait ainsi référence aux "small cap value stocks" américaines, soit des actions plus modestes qui cotent sous leur valeur intrinsèque.Notre point de vue: C’est encore une fois un argument discutable. Les investisseurs peuvent parfaitement s'aider de trackers pour suivre une stratégie basée sur une sélection de secteurs ou de régions affichant une valorisation bon marché. Il existe aujourd'hui des trackers pour toutes les grandes régions, les principaux secteurs et les capitalisations boursières majeures (large, mid et small caps). Ils n’empêchent en rien la pratique du "value investing".
  • Burry prévoit une correction à la baisse fracassante au moment où le sentiment s'inversera. "The longer it goes, the worse the crash will be".Notre point de vue: Les trackers en seront-ils responsables pour autant? Si les investisseurs commencent soudainement à s'inquiéter de la conjoncture et décident de réduire leur exposition aux actions, ils le font, qu’importe la composition de leur portefeuille! En d'autres termes, ils vendront, que leur portefeuille soit composé d'actions individuelles, de fonds traditionnels ou de trackers!
  • Un autre point important dans le débat sur la valeur intrinsèque: d'après une étude, il s'avère que la majeure partie des fonds traditionnels, sous gestion active, ne parviennent pas à présenter des performances semblables à celles de leur indice de référence. Un constat qui fait réfléchir. Les gestionnaires et analystes responsables de ces fonds passent leur temps à analyser des entreprises en vue de déterminer leur valeur intrinsèque exacte. Si celle-ci est jugée trop élevée ou trop faible, ils vendent ou achètent des actions. Or, la réalité nous montre que tout ce travail d'analyse ne se traduit pas souvent par d’excellentes prestations. Sans parler, aussi, des frais afférents à ces fonds (comme les frais d’entrée et de sortie, notamment).
  • En Europe, et certainement en Belgique, les investisseurs restent en majorité orientés vers les actions individuelles ou les fonds de placement traditionnels, sous gestion active. Les trackers (malgré leur croissance fulgurante) ne représentent encore qu'une faible partie du tableau. Doivent-ils dès lors porter la responsabilité de la progression des bourses au cours des dernières années? Ce jugement nous semble exagéré.Notre point de vue: les banquiers centraux de la BCE en Europe n’auraient-ils pas beaucoup plus influencé les cours que les trackers?
  • Nous avons souvent l’impression que les critiques et bulletins alarmants concernant les trackers visent surtout leur caractère disruptif. Pendant bien des années, les investisseurs n’avaient pas le choix: ils pouvaient uniquement placer leur argent dans des fonds traditionnels... et donc payer, souvent, des frais d’entrée fort élevés. Ajoutez-y les frais de fonctionnement annuels et les frais de sortie, et le calcul est vite fait. Aujourd’hui, les trackers offrent une alternative et permettent d'investir dans ou de renoncer à diverses classes d'actifs en un clin d'œil, moyennant des frais modiques. Le tracker moyen ne coûte en effet actuellement pas beaucoup plus que 0,15%. Aux États-Unis, il existe même des trackers gratuits!

Tels sont nos principaux commentaires sur cet énième avis critique à propos des trackers. Il y en aura bien d'autres, nous en avons la certitude.

Reste que les trackers représentent d'après nous la principale innovation financière de ces dernières années. Surtout pour ceux qui n’ont pas investi des fortunes, et pour les autres qui ne sont pas les bienvenus dans les grandes banques privées. Grâce aux trackers, chacun est libre de se constituer un portefeuille varié et diversifié, moyennant des coûts minimes. Une possibilité qui vient à point pour celles et ceux qui souhaitent profiter d'un rendement supplémentaire en cette époque où les taux d'épargne frôlent les 0%!

Geert Van Herck Chief Strategist KEYPRIVATE

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