La hausse boursière serait-elle freinée par un resserrement de la politique monétaire?

logo

Keytrade Bank

keytradebank.be

Depuis le début de l’année, le sentiment boursier a pris un virage à 180 degrés. Alors que fin 2021, les investisseurs en actions étaient encore optimistes pour la nouvelle année, il règne à présent une atmosphère funèbre. Une situation que l’on aurait tendance à attribuer à la hausse des taux à long terme. Cette hausse des taux à long terme est due à la perspective de plusieurs hausses des taux à court terme par la Réserve fédérale américaine (FED) cette année.

Faut-il en déduire la fin des rendements records ? Ou se dire que les investisseurs s’inquiètent outre mesure? Analysons brièvement les renforcements précédents de la politique monétaire.

De nombreux indices majeurs sur les marchés boursiers internationaux ont subi une correction. Aux États-Unis principalement, les indices très exposés aux valeurs technologiques ont perdu beaucoup de terrain. Les cours sont sous pression en raison de la hausse des taux d’intérêt à long terme. 

En raison de la hausse de l’inflation, les astres sont progressivement favorables à un renvoi aux oubliettes de la politique de taux zéro de la FED à partir de mars. La plupart des économistes tablent sur trois à quatre relèvements des taux d’intérêt en 2021. Il y a même ceux qui prédisent que sept - vous avez bien lu - hausses des taux suivront. Mais s’agit-il vraiment d’une mauvaise nouvelle pour les investisseurs? Revenons un instant en arrière...

Que nous révèle le graphique 1? Il indique que trois ou quatre relèvements des taux américains ne sont pas exceptionnels. La période de 2004 à 2006 a été marquée par un resserrement monétaire, et les dernières hausses de taux ont eu lieu en 2017 et 2018. Comment s’est comporté le S&P 500 américain au cours des deux dernières périodes de hausse des taux à court terme?

Graphique 1: relèvements des taux d’intérêt aux États-Unis (1970 – 2021)

Interest rate hikes in the US (1970 – 2021)
Source: LPL Research

En décembre 2015, le S&P 500 a connu une tendance haussière. C’est également le cas aujourd’hui: depuis mars/avril 2020, l’indice vedette américain a affiché une belle progression. De décembre 2015 à septembre 2018, la FED a procédé six relèvements des taux en tout. Malgré un bref creux début 2016, les cours se sont rapidement redressés et pendant toute cette période de resserrement monétaire, la tendance haussière n’a pas été inversée. Sur l’ensemble de la période, le return total (bénéfice de cours + dividendes versés) s’élevait à 49,6% pour le S&P 500 (voir graphique 2).

Graphique 2: évolution du cours S&P 500 2015 – 2018

Price trends for the S&P 500 (2015 – 2018)
Source: Compound Advisors

Tout comme lors du dernier cycle de relèvement des taux, le S&P 500 a connu une tendance haussière en juin 2004. Pour la première fois depuis 2000, la banque centrale des États-Unis a relevé son taux à court terme en 2004 (+0,25%, de 1,00% à 1,25%). Au cours des deux mois qui ont suivi, le S&P 500 a subi une légère correction, mais cette perte a rapidement été récupérée au cours des mois suivants. Au total, 16 relèvements des taux ont eu lieu au cours de ces trois années et le S&P 500 a gagné 45,8% sur cette période (voir graphique 3).

Graphique 3: évolution du cours S&P 500 2004 – 2007

Price trends for the S&P 500 (2004 – 2007)
Source: Compound Advisors

L’expérience passée montre d’emblée qu’une période de resserrement monétaire n’implique pas nécessairement la fin du monde pour les investisseurs en actions. Souvent, les relèvements des taux d’intérêt permettent de lutter contre une surchauffe de l’économie. De ce fait, des chocs trop importants dans la croissance économique sont amortis.

Selon nous, c’est également le cas aujourd’hui: l’économie internationale se trouve toujours dans une phase de croissance et une récession ne semble pas à l’ordre du jour. Il est d’ailleurs tout à fait possible que les bourses se réjouiront d’une hausse des taux. Les investisseurs apprécient la sécurité et préfèrent se passer des incertitudes quant à la politique monétaire future.

Le tableau 1 montre d’ores et déjà que le S&P 500 ne souffre pas d’un relèvement des taux. Au cours des 3, 6 et 12 mois, on observe en moyenne une performance positive du cours (+2,7%, 7,6% et 12,6%). Pour les huit périodes précédentes de resserrement de la politique monétaire, l’indice S&P 500 était toujours dans le vert 12 mois plus tard.

Autrement dit, ceux qui gardent la tête froide et ne paniquent pas sont récompensés. 

Tableau 1: performance du cours du S&P 500 après une hausse des taux

Price performance of the S&P 500 following an interest rate hike
Source: LPL Research

Conclusion

Depuis début 2022, la plupart des indices boursiers majeurs ont plongé. Les indices fortement exposés aux actions technologiques (comme le NASDAQ) ont le plus souffert de la hausse des taux d’intérêt à long terme.

Ces derniers augmentent en raison du durcissement attendu de la politique monétaire. Pourtant, une période de hausse des taux d’intérêt à court terme ne doit pas nécessairement être négative pour les investisseurs en actions. Les chiffres montrent que la nervosité initiale pourrait rapidement céder la place à une nouvelle hausse boursière.

Geert Van Herck Chief Strategist KEYPRIVATE

D'autres articles qui pourraient vous intéresser